voici une 2ème nouvelles à frisonner de peur en attendant un éditeur :

LES ETANGS HANTES

C’est une vieille bâtisse  construite au moyen-âge dans les années 1400, appartenant à l’Abbaye de Cormery  pour racheter les péchés et fautes commises par des seigneurs du coin   et se trouvant sur la commune de Bossée. Au départ château fort, suite à de nombreux oublis de payer les taxes en vigueur, il a vu ses tours coupées pour montrer au monde la faute du seigneur et servir de punition. Il fut donné à l’église pour servir de monastère. Puis dans les siècles qui suivirent ce fut une maison bourgeoise, car le bâtiment fut vendu du fait qu’il  engendrait trop de frais et était peu rentable. La révolution arriva et les privilèges furent abolis, cette maison bourgeoise se transforma en ferme, la chapelle en écurie à foin et paille, et toutes les autres écuries revécurent leur fonction première (veau , vache , cochon , couvée…) mais toujours en location…  jusqu’à il y a peu où elle fut remise en état  pour être valorisée en gîte (car à l’abandon depuis des années)  grâce à la passion d’une femme férue de son histoire et passionnée de ces bâtiments inscrits aux monuments historiques (dans notre patrimoine) .

     Mais le plus beau de cette histoire ce n’est pas tant les pierres ou les différents propriétaires qui se sont succédés mais la petite histoire de la vie intérieure de ce château entouré de mystères et de murmures .

     Je ne dirais pas que ce château est hanté, mais plutôt habité et animé par les différentes personnes qui ont vécu et qui sont mortes dans ces lieux. Quand on rentre dans cette cour imposante, on sent un enclos, un endroit lourd et fait aussi de recueillement, qui avant d’être un gîte à rendu fou le dernier fermier et malade sa femme dans les dernières années où ils ont exploité ce domaine . 

   Durant les veillées qu’ils faisaient entre agriculteurs, comme c’était de coutume avant la guerre, mon grand père entendit ce fameux récit fait par l’éleveur qui habité aux étangs à l’époque (qui aurait aujourd’hui animé plus d’un feu de camp autour de cette histoire si …humm …à vous glacer le sang). Mon grand père ne le prit pas au sérieux, pensant  simplement à un conte de bonne femme pour dissuader les curieux de roder autour du domaine. Mais par la suite on put vérifier les dires par d’autres histoires de pêcheurs occasionnels ou de chasseurs qui venaient assouvir leur passion en ce lieu fait de bois, d’eau et de pierres.

Dans cette demeure, pourtant charmante et féérique, lorsque l’on passe certaines nuits de pleine lune ou lors de nuits aussi noires que les abysses, il règne un silence pesant qui est à la fois  bien veillant et oppressant. L’atmosphère devient inquiétante et  le moindre bruit, craquement ou murmure vous réveille.
 Hou hou ce cri de chouette effraie qui vous réveille pour vous avertir de la venue de cette procession sans nom que l’on entrevoit dans une brume, un voile et qui est accompagnée de chants grégoriens … pourtant il n’y a plus de moines. L’église est en ce lieu où seuls reposent les dépouilles des frères ayant vécu ici et les corps des prisonniers  tués dans les oubliettes et enterrés derrière le château… Ces bois qui craquent, ces murmures que l’on entend dans les escaliers et les couloirs, ces cris de douleurs et d’agonie qui déchirent la nuit et vous réveillent, se demandant si ce n’était qu’un rêve, ce sentiment de froid qui vous envahit à vous glacer le sang sont là pour vous faire douter, vous faire vous morfondre et craindre le pire dans vos draps de soie .

 Par des temps de brume et parfois de froid glacial, de l’étage de la maison on pouvait assister à une procession de spectres, de silhouettes voilées habillés de toges avec des cierges se mouvant dans la brume en chantant et faisant le tour du petit étang et revenir au château pour finir par une messe dans la chapelle…et vous vous êtes là pétrifiés et intrigués de voir et entendre ce phénomène sans pouvoir émettre un son, communiquer, comme paralysés…L’impression d’être fou ou d’être dans un rêve .

     Mais à qui le raconter et le décrire quand tout le monde rigole de vous et vous prend pour un fou… Alors vous le gardez pour vous et faites avec …cela vous rend fou et malade, ça hante vos nuits,vos songes et ce secret qui n’en est pas un vous ronge de l’intérieur et vous lamine .

        Mais tout cela est-ce naturel ou n’est-ce que les reliques d’un passé lointain?  Pour moi ce lieu restera toujours un mystère, mais ne m’empêche pas d’aller le voir ou d’y travailler si nécessaire car j’aime ce lieu, il fait partie de mon pays et qui ou quoi devrais-je craindre ?

                                     Agnès ROBINEAU